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Montag, 23. Juni 2025

Autriche: Conférence juive antisioniste à Vienne

Dieses Interview mit mir ist zuerst in der Printausgabe der Informations ouvrières Nr. 863 vom 19.06.2025 auf Seite 11 erschienen.

Entretien avec Axel Magnus, l’un des organisateurs de la “première Conférence juive antisioniste”, tenue à Vienne, en Autriche, les 13, 14 et 15 juin 2025 et signataire de l’Appel européen contre la guerre.

Qui est à l’origine de la conférence et quels en sont les objectifs?

Plusieurs groupes ont participé à l’organisation de cette conférence. Un groupe de militants juifs qui respectent les traditions juives mais refusent d’être assimilés à la politique de l’État d’Israël ; un groupe de militants se revendiquant de l’anti-impérialisme ; et un troisième groupe, auquel je m’identifie personnellement, composé de personnes issues d’un milieu juif – toutes ne se définissant pas comme juives – mais venant de familles de victimes de la Shoah et s’identifiant au concept yiddish de doïkayt, qui signifie littéralement « être ici », ou « être juif là où l’on vit ». Cela ne fait pas référence à Israël, ni nécessairement à la religion, mais à un environnement culturel. On peut vivre la doïkayt en Argentine, en France ou à Tonga, partout dans le monde. Ce concept était aussi lié au slogan du Bund, ö’organisation juive ouvrière non sioniste.

La conférence a été organisée par des réseaux d’activistes juifs antisionistes qui veulent constituer un réseau international. Des militants venus de plus de vingt pays ont participé : plusieurs pays d’Europe, les États-Unis, le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, et même de l’État d’Israël.

Lors des débats, il a été question de définir des formes d’action pour affirmer plus largement la lutte
antisioniste.

Oui, il y a des personnes qui se battent dans l’État d’Israël depuis des décennies. Nous avons parlé des grandes manifestations qui ont lieu chaque samedi en Israël contre la guerre et contre le gouvernement, des manifestations qui se tiennent partout dans le monde, mais aussi – et surtout – de ce que nous pouvons faire concrètement, dès maintenant, contre le gouvernement israélien, qui attaque Gaza sans relâche, avec le soutien des États-Unis et d’autres États impérialistes. Ce que nous voulons, c’est ne pas rester dans une logique de petits groupes, mais rassembler tous ces groupes qui existent dans différents pays autour d’une orientation commune à l’échelle internationale. Par exemple, nous avons discuté de l’organisation d’une journée commune de manifestations dans tous les pays.

Il s’agit aussi de briser l’étau qui pèse sur de nombreux militants, systématiquement accusés d’antisémitisme dès qu’ils critiquent l’État d’Israël. De plus en plus de gens refusent cette confusion honteuse, et l’action publique des juifs antisionistes y contribue.

C’est un point essentiel. Je viens d’une famille dont plusieurs membres ont été assassinés pendant la Shoah, et, quand j’étais jeune, Israël comptait beaucoup pour moi. J’ai rencontré des Israéliens et des Palestiniens dans le mouvement pour la paix, qui luttaient ensemble, et cela a changé ma compréhension et mon état d’esprit. En Autriche, l’un des foyers du nazisme, il y a une sorte d’effacement de la mémoire, et ces sujets sont traiés de manière très émotionnelle – il est compliqué de critiquer le sionisme. Mais les nazis disaient que tous les juifs étaient les mêmes, qu’ils devaient tous être mis dans le même sac, qu’ils soient ouvriers, vieux, rabbins ou capitalistes. Et aujourd’hui, on nous dit que tous les juifs ont en commun l’État d’Israël, qu’ils ont en commun le sionisme. Or, dans chaque pays où ils vivent, y compris en Israël, les juifs ont des opinions différentes, des orientations politiques différentes, certains sont organisés dans des partis très divers. Vouloir tout ramener au
sionisme pour tous les juifs, c’est une forme d’antisémitisme.

Vous avez signé l’Appel européen contre la guerre, et vous êtes l’un des organisateurs de cette confé-
rence. Quel lien faites-vous entre les deux?

Pour moi, le lien est évident. Il est essentiel d’élargir la compréhension de ceux qui luttent contre la guerre, le racisme et l’antisémitisme. Pour mettre fin à tout cela, et pour vraiment combattre le sionisme, il faut aller plus loin et combattre le capitalisme dont il procède.

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